Il y a quatre ans, suite à un appel à projet conjoint de l’Université de Lausanne (UNIL) et de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), un collectif de jeunes paysan·nes a repris la ferme de Bassenges, sur la commune d’Ecublens (VD). Depuis 2020, ils et elles y proposent une agriculture diversifiée, respectueuse du vivant, qui favorise un flux de matières circulaire. Au sein de ce campus High-Tech, ils et elles y proposent une agriculture Low-Tech composée de maraichage en traction animale, de 25 brebis avec transformation laitière et d’une parcelle en agroforesterie. En plus de proposer divers produits bio et locaux, ce projet offre une opportunité à la communauté universitaire ainsi qu’au voisinage de recréer un lien avec l’agriculture grâce à la proximité de leurs activités et par diverses visites et événements culturels. La ferme de Bassenges constitue donc en l’état une expérience majeure de l’agglomération lausannoise en termes d’agriculture durable, et enviable.

L’EPFL, qui s’était pourtant positionnée comme modèle d’exemplarité engagée pour la durabilité, a annoncé un projet d’annexion de l’ensemble du bâti de la ferme afin d’y installer un centre de mathématiques de renommée internationale. Reléguant la fonction agricole du lieu aux oubliettes. Face à cette décision, la Ferme de Bassenges a envoyé une lettre ouverte à la direction de l’EPFL et a lancé une pétition lui demandant de tenir ses engagements, d’abandonner son projet de réaffectation et d’inscrire la fonction agricole de la ferme de Bassenges dans les statuts de l’EPFL. Uniterre soutient cette démarche, appelle tous ses membres à signer la pétition et les journalistes à se rendre sur place. Deux visites publiques sont déjà planifiées les 6 mars à 12h30 et lors de portes ouvertes le 22 mars de 15h à 23h.

Cette décision de l’EPFL, au-delà de mettre en péril le travail réalisé ainsi que l’avenir d’un jeune collectif de 6 adultes, 2 enfants et 3 apprenti·es, et des dizaines d’animaux, est hélas exemplaire d’une tendance qu’Uniterre ne peut que dénoncer : l’agriwashing. L’agriwashing est une tendance du secteur privé comme des institutions ou des collectivités à se redorer le blason en utilisant une certaine image de l’agriculture. En prétendant défendre une certaine forme d’agriculture particulièrement plébiscitée par les consommateur·rices ou les électeur·rices, les géants oranges nous vendent donc les œufs de poules épanouies soignées aux petits oignons par des familles paysannes heureuses qui vivent dans des fermes idylliques. Tandis que les Municipalités et les Hautes Écoles soutiennent des projets agroécologiques, novateurs, inclusifs et neutres en carbone portés par des jeunes dynamiques et heureux. Malheureusement, ces soutiens se limitent trop souvent à des appels à projets, au retentissement médiatique certain, mais qui ne sont effectifs que sur des laps de temps beaucoup trop courts. 

Par ailleurs, il ne sert à rien de faire appel à des jeunes sans implémenter en parallèle des politiques, en particulier économiques, qui endiguent la disparition chroniques des fermes suisses et soutiennent l’agriculture locale et l’accès à la terre. Uniterre demande aux collectivités, dont l’EPFL, de s’engager activement pour la relève paysanne, en effectuant massivement leurs achats pour la restauration publique auprès des producteur·rices de la région, en garantissant des prix rémunérateurs, en subventionnant les ACP, en travaillant à la mise en place de modèles d’Assurance Sociale Alimentaire et en mettant toutes les terres non-bétonnées qui leur appartiennent à disposition de projets agroécologiques, ceci à moindre coûts, avec des soutiens effectifs garantis sur plusieurs décennies.

 

La pétition est disponible ici https://www.openpetition.eu/ch/petition/online/preservons-lavenir-agricole-de-la-ferme-de-bassenges

Le site de la Ferme de Bassenges : https://fermedebassenges.ch

L’appel à projet de 2019 : https://actu.epfl.ch/public/upload/files/Dossierappelcandidatures.pdf