ECVC condamne la décision de la Commission européenne et des dirigeants du Mercosur de conclure les négociations de l’accord de libre-échange UE-Mercosur, auquel s’opposent toutes les organisations d’agriculteur.ices et de travailleur.euses agricoles en raison de son impact social et de la négation du besoin de systèmes alimentaires durables qu’il représente. Il est également en totale contradiction avec les engagements des gouvernements nationaux des deux blocs en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique.
Morgan Ody : « En tant qu’agricultrices et agriculteurs européens, nous ne voulons pas entrer en concurrence avec les agriculteurs du Mercosur. Notre travail n’est pas de participer à une compétition mondiale, mais de produire des aliments sains pour les européens et les européennes »
Andoni Garcia ajoute : « Nous allons maintenant observer attentivement ce que les gouvernements et les groupes politiques qui, lors de la mobilisation historique des agriculteurs au début de l’année, ont prétendu être proches des agriculteurs et des agricultrices, vont réellement faire. Ils doivent prendre position contre cet accord et la manière antidémocratique avec laquelle sont négociés les accords commerciaux. »
L’atteinte de la souveraineté alimentaire et le respect des droits des paysan.nes devraient constituer le socle d’un nouveau cadre pour les échanges alimentaires internationaux, afin que le système commercial soit équitable et serve la justice et la paix.
Les agriculteur.ices poursuivront les mobilisations contre cet accord de libre-échange et y mettront fin, d’une manière ou d’une autre.
Communiqué de presse de l’EMB du 9 décembre 2024
L’EMB critique vivement le problématique accord du Mercosur
L’European Milk Board asbl (EMB) émet les plus vives réserves quant à l’accord de libre-échange conclu entre l’UE et les États du Mercosur. L’association qui défend de nombreuses organisations de producteurs laitiers de toute l’Europe considère cet accord comme une sérieuse menace pour l’agriculture et la population du monde entier.
« Ce deal offre un net avantage aux industriels, aux dépens toutefois des agriculteurs et des consommateurs », affirme Kjartan Poulsen, Président de l’EMB et producteur laitier au Danemark. « L’accord ne favorise pas le développement durable, ni sur le plan social, ni sur le plan écologique et ne fera qu’aggraver les conditions déjà peu enviables des agriculteurs européens. » Toujours selon M. Poulsen, il menace l’emploi, le revenu et les moyens de subsistance de nombreux agriculteurs.
Le cœur du problème avec cet accord est le risque de voir la production agricole locale remplacée par des importations à bas prix en provenance d’Amérique du Sud. « Ces importations ne répondent souvent pas aux normes exigeantes de l’UE – qu’il s’agisse des méthodes de production ou des ingrédients », explique Boris Gondouin, producteur laitier français et Vice-Président de l’EMB.
Par ailleurs, l’EMB critique notamment la non-compatibilité de l’accord avec les objectifs de développement durable de l’UE. D’un côté on parle beaucoup de protection du climat et d’agriculture durable, mais de l’autre, tous les efforts consentis en la matière sont sapés par le transport de denrées alimentaires à travers le monde. En outre, l’accord aura un impact négatif sur l’ancrage de méthodes de production durables au sein de l’UE. Il contredit donc directement les objectifs que l’UE poursuit dans son ensemble en vue de réduire les émissions nocives et de protéger l’environnement.
L’accord du Mercosur ne restera pas non plus sans effets sur la politique de sécurité. « La production de denrées alimentaires est un enjeu de sécurité nationale », souligne Kjartan Poulsen. « Du fait que l’accord affaiblisse l’agriculture européenne et renforce la dépendance aux marchés mondiaux, la sécurité d’approvisionnement pour la population et par là-même la sécurité nationale sont remises en question. »
En outre, un autre aspect problématique réside selon lui dans le fait que la Commission européenne veut forcer l’approbation finale à tout prix et affaiblisse ainsi le processus démocratique au sein de l’UE. Ce serait un signal extrêmement néfaste à un moment où il est indispensable de renforcer les structures et les processus démocratiques au regard des nombreuses atteintes à ces valeurs à travers le monde.
L’EMB exige de ce fait une politique commerciale qui protège les intérêts des agriculteurs et des consommateurs européens, qui prenne au sérieux les principes du développement durable et son aspect social et écologique, tout en respectant les valeurs démocratiques au lieu de les court-circuiter.
A propos de l’European Milk Board asbl (EMB)
L’EMB défend les intérêts des productrices et producteurs laitiers à l’échelle européenne et s’engage en faveur d’une production laitière socialement durable, juste et pérenne en Europe. L’Association exige une politique en faveur de la préservation du modèle d’agriculture paysanne et d’une rémunération équitable des agricultrices et agriculteurs.