Uniterre sonne l’alarme : pour garantir notre alimentation à long terme, il est urgent de favoriser l’accès à la terre. Or – tandis que les rangs des écoles d’agriculture se remplissent – les jeunes, les femmes, les néo-paysan·nes et en particulier les collectifs qui rêvent de faire de l’agriculture leur activité principale se heurtent à des obstacles juridiques et systémiques souvent infranchissables. Notre nouvelle publication marque le momentum politique.

Communiqué de presse, Lausanne, le 9 février
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de 120 personnes se sont pressées vendredi 3 février à l’Espace Dickens, à Lausanne, pour le vernissage de « La terre à celleux qui la cultivent », une brochure de plus de 70 pages consacrée à l’accès collectif à la terre en Suisse. Un succès à la hauteur du travail que la Commission Jeunes d’Uniterre consacre depuis plusieurs années à ce sujet. Et à la hauteur des attentes et des besoins de toute une frange de la population paysanne, rurale ou néo-rurale, composée de jeunes familles, d’agriculteur·rices fraîchement diplomé·es ou de collectifs, qui cherchent à s’installer et se heurtent à l’absurdité du système.

Les obstacles auxquels ils font face sont innombrables : Des normes et calculs UMOS qui empêchent de valoriser des produits à haute valeur écologique et sociale, un droit foncier rural ancré dans une tradition conservatrice et patriarcale de la propriété privée, des coûts d’installation rédhibitoires quand on est pas « fils de », des prix de vente qui ne couvrent pas les coûts de production, le méprisant « vous faites de l’agriculture de loisir » craché par certains services, l‘impossibilité du morcellement qui pourrait faire émerger de petites fermes, les lourdes et coûteuses exigences qui se dressent à chaque fois qu’il s’agit de recouvrer un minimum d’autonomie boulangère, énergétique ou fromagère, même à une échelle microscopique… 

Au fil de la soirée, et de la brochure, des collectifs de tout le pays ont témoigné de ces bâtons mis dans leurs roues bien lancées. Ce sont pourtant elles et eux qui nous nourriront demain, pour autant que l’on sorte un jour de l’impasse écologique et sociale de l’agro-industrie. Du moins nous l’espérons. Les cinq chapitres de la brochure – constituer un collectif, accéder à la terre, financer son projet, distribuer sa production et fonctionner au quotidien ­– tâchent d’apporter des éléments de réponse pour réussir à produire dans un système opaque. Un système à cause duquel, chaque jour, entre deux et trois fermes mettent à jamais la clé sous le paillasson, dans un silence politique fracassant. 

Heureusement, comme a conclu un membre d’une ferme d’une douzaine de personnes qui ont l’audace d’essayer de cultiver « sans pesticides et sans patron » : avec assez d’ingéniosité, de malentendus et d’auto-exploitation, certains collectifs arrivent tant bien que mal à faire tourner leurs projets. Au prix d’une grande précarité et d’une absence de filets, comme de reconnaissance, qui finissent hélas aussi par en pousser de nombreux à jeter l’éponge. 

« La terre à celleux qui la cultivent » se veut à la fois un hommage à cette débrouille, une boite à outils alternative en construction et un manifeste pour une agriculture véritablement durable, résiliente et souhaitable. 

Télécharger la brochure ici  ou commander en une version papier auprès de b.darras@uniterre.ch