C’est malheureusement prouvé depuis longtemps : le marketing, ciblé de manière précise sur les enfants, ça marche. Et Migros, au travers de sa « mini-Migros » (qui fait halte dans plusieurs villes de Suisse durant toute l’année 2025), l’a bien compris ! Les enfants sont, en effet, particulièrement réceptifs à ce type d’événements ludiques. Dans ce sens, nous dénonçons l’instrumentalisation des enfants dans un but strictement commercial, au travers d’un marketing nauséabond !
D’une part, sous couvert de jeu et d’amusement, l’objectif de Migros est clair : formater les consommateur·rices de demain. La théâtralisation de la « mini-Migros » n’est, évidemment, pas neutre : le but est de susciter et accompagner la participation de l’enfant aux (futures) activités de consommation et de déjà susciter leur adhésion dans leur future vie de consommateur·rice. Ainsi, l’enfant va, petit à petit, s’initier aux pratiques et représentations incorporées par le·la consommateur·rice sur les lieux de vente : agencement des rayons, prix, déambulation avec le caddie, compréhension des signes, etc. Et tout ça avec une bonne dose de clichés de genre !
D’autre part, la démarche est également vicieuse dans la mesure où l’enfant est utilisé et instrumentalisé pour fidéliser les parents. Et Migros l’a très bien saisi : tout ceci dépasse le simple environnement commercial.
Les pratiques et les comportements alimentaires sont largement influencés par le marketing et la publicité. Dans ce sens, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise une réduction de la pression publicitaire, en particulier celle ciblant spécifiquement les enfants et adolescents : il s’agit, en effet, d’une population sensible et qui est déjà trop exposée massivement aux contenus publicitaires. Ceci va, dans une grande mesure, influencer leurs futurs choix alimentaires. Ainsi, la protection de cette catégorie très vulnérable est essentielle, notamment dans un environnement où les aliments trop gras, sucrés et salés sont sur-représentés.
A la fin du mois de janvier, le CEO de Migros affirmait que « nous n’avons pas de mission éducative. Nous considérons les consommatrices et consommateurs comme étant responsables et qu’ils-elles décident de ce qu’ils-elles achètent ». Cette affirmation ne prouve qu’une chose, la déresponsabilisation totale de Migros, puisque cette « mini-Migros » va structurer les futurs comportements alimentaires de ces enfants dès leur plus jeune âge et largement conditionner leurs pratiques de consommation. Et, histoire de se déresponsabiliser encore davantage, Migros propose aux enseignant·es d’accompagner leurs classes de primaire en cours de consommation ! Une stricte réglementation du marketing alimentaire – en particulier quand il est destiné aux enfants – est indispensable.