« Nous cultivons les champs que nous saurons défendre » : tel était le texte qu’arborait le drapeau de la commune maraîchère genevoise de Plainpalais. La défense de la terre agricole est une nécessité absolue non seulement pour les paysan·ne·s suisses mais pour l’ensemble de la société, car il en va de la sécurité de notre approvisionnement.
Cette défense de la terre ne s’arrête pas à la préservation stricte des surfaces agricoles, mais comprend également la défense du droit à un usage agricole paysan. Une terre agricole sans paysan.ne·s qui la cultivent est un non-sens. Défendre la terre agricole signifie donc aussi défendre la dignité « des gens de la terre ». La poursuite de la destruction des fermes en Suisse, appelé couramment « évolution structurelle » est une atteinte à la terre agricole et paysanne et doit être stoppée et inversée. Aujourd’hui, il faut plus de mains paysannes pour travailler la terre.
Car la défense de la terre doit également être une défense de qualité agronomique des sols, des écosystèmes agricoles et de la biodiversité cultivée. Or la politique agricole avec son dogme de compétitivité favorise la destruction des structures, la spécialisation et la mécanisation à outrance. A la place d’une polyculture paysanne avec une part de main d’œuvre importante, on favorise, par la pression sur les prix des productions végétales ou animales spécialisées, des déséquilibres et des nouvelles dépendances. Le travail humain et animal est remplacé par des machines gourmandes en énergie et toujours plus grandes et lourdes. L’écologie et la biodiversité deviennent une affaire d’ingénieur·es et de bureaucrates alors que les écosystèmes et la biodiversité de notre pays ont été historiquement façonnées et cultivées par nos paysan·nes. Une agriculture paysanne durable et diversifiée devrait pouvoir rémunérer équitablement au moins le double des personnes actives actuellement, c’est-à-dire au moins 300’000 personnes. Ce développement, cette réforme de l’ « évolution structurelle » doit remplacer la destruction structurelle actuelle. C’est dans ce sens qu’il est important de défendre de nouveaux modèles agricoles, sans les opposer aux modèles existants d’agriculture paysanne.
Les réformes d’aménagement du territoire et des futures politiques agricoles devront d’ailleurs tenir compte de la nécessité d’innovation en termes structurels pour une réforme agricole paysanne. La nécessaire innovation pour redynamiser l’agriculture paysanne aura besoin de nouveaux bâtiments, d’économie et d’habitat. Dans les zones urbaines, des limites de zone devront être franchies, modifiées et transgressées pour rapprocher la production paysanne, la transformation artisanale et des circuits de distribution locaux des zones urbanisées. Cette diversification agricole doit être encouragée. Cela permettrait de sortir gagnant de l’opposition stérile et dangereuse entre l’agriculture et l’écologie par le développement de l’agriculture paysanne et d’un système alimentaire durable et ancré dans les ressources locales.
La terre à qui la cultive !