Discours du premier août de Martine Gerber, membre du comité d’Uniterre, prononcé à l’occasion du brunch de fête nationale, à l’ortie, organisé par ses soins à Bio Memey, sa ferme des hauteurs de Bex.

 

Je salue les personnes qui ont œuvré à ce brunch vert, amies, amis, civiliste, bénévoles de tous poils, sans travail collectif évidemment, rien n’est possible ou si peu, en tout cas pas ce brunch, ni une fête nationale, ni une nation d’ailleurs. Je les remercie vivement, et je vous remercie vivement, d’avoir répondu à mon invitation, ça me fait tellement plaisir, ce brunch marque la mi-été pour nous et vient en quelque sorte honorer et soutenir notre travail ici, sur ce petit domaine.

Cette année a été marquée notamment par un mouvement de colère paysan, auquel j’ai essayé de participer, d’une part parce qu’il y a selon moi bien des raisons de ressentir de la colère en tant que paysanne, et d’autre part pour comprendre le mouvement et la colère des collègues. J’ai souvent choisi de me jeter à l’eau pour essayer de me mêler à la mêlée, de travailler dans le gras du lard, d’essayer d’avoir un esprit critique au sein du système des institutions, de faire bouger les lignes à la base et tenter de réduire les clivages idéologiques. C’est dans cette idée que j’ai pris l’initiative de prendre part au brunch paysan, dont l’USP est à l’origine de l’organisation. L’agriculture n’est pas que conservatrice et libérale, la fête nationale doit être la fête de toutes les citoyennes et de tous les citoyens et l’agriculture l’affaire de toutes et tous.

 

Mon intégration dans le mouvement des colères paysannes, dont la durée officielle a été limitée dans le temps, a été un défi complexe, mais je continue, n’en déplaise à certains, de

partager les préoccupations suivantes :

  • Des prix qui rémunèrent correctement le travail des paysannes et des paysans, c’est-à-dire une réduction des marges des grandes distributions, des paiements directs qui soutiennent des activités moins rémunératrices, mais durables et qui tendent à rendre une certaine autonomie à la profession, par une régulation des marchés et l’encouragement à la consommation de produits locaux ;
  • Moins de bureaucratie ? Certes, mais ce problème n’est de loin pas l’apanage de l’agriculture, et réduire la charge administrative des entreprises agricoles ne doit pas rimer avec volonté d’abolir des contrôles sur les intrants chimiques ou autres prestations écologiques.
  • Et ce qui me tient le plus à cœur, des domaines paysans à taille humaine afin que plus aucune ferme ne soit avalée pour des raisons structurelles et une politique encourageant notamment les néo-paysan.ne.s à reprendre des domaines, en particulier en structure collective ; la nécessité de la diversité est partout et aussi dans

 

Le résultat des avancées qui ont découlé de ce mouvement est peu glorieux. La faîtière des paysans et les partis conservateurs ont réussi à récupérer le mouvement, comme attendu. Mais ce qui m’a le plus déçue et étonnée est le peu de revendications et de présence sur le terrain des collègues, hormis les réunions de tracteurs, le manque de dialogue et d’esprit critique était criant.

 

Je prends pour ma part le pari de croire à un modèle agricole qui ré intègre l’humain dans l’écosystème planétaire et puisse répondre aux besoins de tout le vivant :

Une agriculture nourricière pour une population qui consomme moins et partage plus.

 

La fête nationale est un moment privilégié pour faire le point sur les valeurs partagées. J’ai choisi de partager avec vous aujourd’hui un moment de mon rêve, une société de partage, de solidarité et de paix sur le thème de l’agriculture, une agriculture plurielle, diversifiée et respectueuse du vivant !

 

L’ortie, la compagne privilégiée des paysannes bio et des amoureux de la friche, « la mauvaise herbe des braves gens » qui nous accompagne aujourd’hui, vient comme une métaphore à propos, agrémenter nos plats : verte pour l’écologie, saine pour nos corps et nos cultures et généreuse à partager !

 

J’espère que vous trouverez de quoi nourrir vos débats et vos ventres et vous remercie du fond du cœur d’être là, avec nous.