Communiqué de presse de ECVC concernant le cadre de certification de l’Union européenne relatif aux absorptions de carbone (CRCF).

La semaine du 28 Novembre 2023, le Conseil, le Parlement et la Commission sont censés convenir en trilogue du cadre de certification de l’Union européenne relatif aux absorptions de carbone (CRCF). En cas d’accord, son volet « agriculture carbonée » s’annonce terrible pour les systèmes alimentaires européens et doit par conséquent être freiné. Il s’agit d’un système invalidé au niveau scientifique qui ne prend aucune des nombreuses inquiétudes des organisations paysannes en considération, malgré l’insistance dont nous avons fait preuve auprès des acteurs institutionnels.

 

L’agriculture carbonée ne peut pas fonctionner et représente un danger pour les systèmes alimentaires. Depuis son annonce dans la stratégie de la ferme à la table, ECVC n’a cessé de mettre l’accent sur les lacunes de la proposition, notamment auprès de la Commission et du Parlement, avec le soutien de nombreuses organisations et scientifiques:

 

  • Les fondements de ce mécanisme ne permettent pas de régler les problèmes climatiques: impermanence du stockage dans les sols, impossibilité de calculer ce stockage de façon fiable, et impact global presque nul. Un dispositif d’une telle importance doit être validé scientifiquement, et ce n’est pas le cas !

 

  • Aucune des demandes et inquiétudes d’ECVC n’a été prise en compte par la Commission, plus précisément par la DG CLIMA, qui semble être bien loin des réalités des territoires mais plutôt séduite par les entreprises qui demandent des outils efficaces de greenwashing afin de cocher les cases de l’accord de Paris. En permettant aux entreprises privées de payer les acteurs agricoles pour qu’ils stockent leurs émissions de carbone, celles-ci auront trop de pouvoir et ne seront pas contraintes pour autant de réduire réellement leurs émissions.

 

  • Cette approche basée sur l’agriculture carbonée renforce les dérives dans le monde agricole : petite ou moyenne ferme défavorisée, rachat de terre par des acteurs externes, dépendance à des paiements ponctuels et injustes, etc.

Par ailleurs, le processus de prise de décision au niveau de l’Union européenne concernant le CRCF s’est avéré sérieusement défectueux. Le cadre a été élaboré et voté en un temps record. Aucune analyse d’impact ni réflexion autour des balises nécessaires (notamment sur la gestion publique du système) n’a été menée.

Comme le souligne Vincent Delobel, administrateur chez FUGEA (organisation membre d’ECVC en Wallonie, Belgique), « nous nous battons pour avoir des politiques publiques plus justes et assurer l’accès au foncier. L’agriculture carbonée fait l’inverse en privatisant les aides à l’agriculture et en favorisant les grandes fermes et la spéculation foncière».

 

Andoni Garcia, membre du Comité de Coordination d’ECVC, ajoute : « Il nous faut une véritable transition, sérieuse et planifiée, vers l’agriculture paysanne, plus durable, agroécologique, et appuyée par la régulation du marché. Nous ne voulons pas de fausses solutions comme l’agriculture carbonée, qui ouvre la voie aux acteurs industriels, notamment aux agro-industries, qui s’en frottent les mains. »

 

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