Edito d’Yves Batardon, paysan et membre du comité, Soral (GE)

C’est fort d’un beau dynamisme que 2024 a débuté pour Uniterre. Notre engagement en faveur de l’agriculture paysanne résonne toujours plus loin dans les campagnes, et nous avons eu la joie d’accueillir une centaine de nouveaux membres en 2023. En Valais, en écho à notre campagne pour des prix équitables, des paysan·nes et vigneron·nes motivé·es souhaitent créer une section régionale. Plus nous serons nombreux·ses, plus nous serons entendu·es.

Comment imaginer l’avenir de la terre, de nos fermes, de nos familles ?  Comment donner l’envie et l’espoir aux jeunes de s’engager à devenir paysan·nes ? En premier lieu, nous devons œuvrer avec énergie pour redonner la juste valeur à notre terre nourricière et à tou·tes celles et ceux qui en vivent.

A Uniterre, nous défendons une production indigène et des prix équitables dans un environnement naturel et social vivant. C’est pour cela que nous sommes dans l’action, en nous inspirant de luttes victorieuses, comme en 1953 où 4’000 paysan·nes avaient bloqué la gare de Saxon et imposé à la Confédération d’instaurer le système des 3 phases pour réguler les importations de fruits et légumes.

C’est ensemble que nous, paysan·nes, pouvons éclairer notre avenir en nous concentrant sur l’essentiel. Notre pays doit immédiatement revaloriser ce qui est indispensable pour la vie. L’alimentation est la base de notre existence, pourtant aujourd’hui elle ne représente en moyenne que 8 % du budget d’un ménage en Suisse.

8 % pour ce qui est indispensable, vraiment ? Il est cependant difficile pour les paysan·nes de se sentir légitimes à réclamer des prix justes, quand on leur dit continuellement : « Vous les paysans, vous êtes déjà soutenus par des paiements directs ! Vos produits sont chers ! Vous n’êtes pas compétitifs et en plus vous polluez ».

Ces allégations dénigrantes ne sont pas le fruit du hasard, elles sont alimentées par les émissaires de l’économie de marché présents au Parlement fédéral. Ils votent comme une aumône les budgets agricoles. Pourtant cet argent ne fait que transiter dans les poches des familles paysannes, car finalement ce sont les intermédiaires, les fournisseurs et la grande distribution qui en profitent pour alimenter leurs marges indécentes, alors que la destruction du tissu rural se poursuit inexorablement.

Alors comment rester fier face à la réalité d’aujourd’hui ? Un pays où les actifs financiers des banques suisses génèrent 14 fois plus de carbone que toute la population résidante. Scandale après scandale, les banques sont toujours libres d’autoréguler leurs impacts sociaux et environnementaux. Pendant ce temps, l’OFAG nous livre aux loups et nous assomme de contraintes environnementales hors sol, déconnectées de notre réalité paysanne, et pour ainsi dire jamais rétribuées correctement.

En 2024, être paysan·ne, ce n’est plus seulement se défendre. C’est aller à la confrontation en dénonçant l’économie libérale, incapable de préserver l’essentiel et de mettre des limites au superflu.

A nous d’agir ensemble en faisant preuve de clairvoyance face à notre devenir. 

Merci à tou·tes d’y participer !