Retrouvez l’excellent article de Pauline Clerc de l’Agri en photo en bas de l’article ou au lien ci-après : https://www.agrihebdo.ch/articles/lait/le-surplus-de-beurre-congele-risque-de-faire-chuter-les-prix-laitiers-19372.

En voici quelques extraits :

A fin juin 2024, les stocks de beurre congelés sont de 8000 tonnes.

« Selon Stefan Kohler de l’Interprofession Lait, « Si la situation ne se calme pas dans les prochains mois, il sera difficile de maintenir le prix du lait ». (…) le gérant prévoit aussi une augmentation de la part de lait B. (…) Pour rappel, concernant 2024, la part de lait B est déjà plus importante en comparaison à 2023. Son prix, en avril 2024, a perdu 5,19 centimes par rapport à l’année passée, pour la même période.

Une autre solution proposée par le gérant de l’organisation sectorielle du beurre (OS Beurre), Peter Ryser, serait de remplacer les volumes du trafic de perfectionnement par du beurre suisse.

(…)

Le beurre, un régulateur

Comment en est-on arrivé là ? Pour le comprendre, il faut déjà avoir en tête que le beurre joue un rôle de « tampon du marché », selon les termes de Peter Ryser (…). Pour Stefan Kohler, la forte hausse des stocks s’explique principalement par deux raisons : « Après quelques années de boom, la production de fromage a perdu un peu de son dynamisme. » Le lait doit être ainsi valorisé autrement. « Ensuite, la demande en matière grasse dans l’industrie alimentaire a diminué. On produit moins de chocolat et surtout, on utilise moins de matières premières suisses dans les produits chocolatés exportés. Ce que l’on appelle le trafic de perfectionnement a augmenté. » Et ce changement s’explique aussi. « Les coûts pour le cacao sont toujours 300% plus haut comparé à l’automne 2023, après avoir atteint 500% en avril. » Les producteurs de chocolat font donc des économies en achetant de la poudre de lait à l’étranger pour les produits exportés.

(….)

Stefan Kohler analyse (…) De 2020 à mi-2023, nous avons ben maîtrisé le « trop peu » grâce à des importations bien dosées. Mais depuis l’automne dernier, le trop-plein est effectivement devenu un problème. » le gérant admet que les quantités élevées d’importation en 2023 n’était pas nécessaire rétrospectivement. « 

 

A Uniterre, nous avons toujours fortement critiqué les importations de beurre des dernières années ! Il semblerait à juste raison.

Il est hors de question que les producteur.trices de lait aient à payer une mauvaise gestion de l’IP Lait, au travers d’une baisse du prix du lait et d’une augmentation de la part de lait segment B, comme l’explique Stefan Kohler.

Les producteur.trices de lait ne pourraient supporter une nouvelle baisse du prix du lait!

Nous devons trouver le moyen d’écouler ce beurre sans impacter les producteur.trices: comme l’indique Peter Ryser, une 1ère mesure serait de « remplacer les quantités de trafic de perfectionnement par du beurre suisse (..) avec des incitations via les contributions de réduction des matières premières ».

Il est important aussi de noter que 8000 tonnes, ce n’est pas si excessif comme stocks pour fin juin. Le vrai problème réside dans le fait que la congélation du beurre est considérée comme un stock, et donc un passif, ce qui entraine un manque de trésorerie. Aujourd’hui, les centrales essayent de reporter ce manque de trésorerie sur les producteurs.

Ce problème aujourd’hui nous montre qu’il serait grand temps :

– d’oser reparler d’une certaine forme de gestion des quantités de lait. Depuis l’arrêt des quotas laitiers en 2009, la situation n’a fait que s’empirer! Ayons le courage politique d’une véritable refonte du marché laitier suisse !

– d’enfin appliquer la livraison volontaire du lait segment B sans préjudice en cas de non-livraison, de la motion « Améliorer les termes du contrat-type de l’Interprofession du lait » acceptée par le Conseil des États en 2019 et par le Conseil National en 2020.

– de faire le bilan de l’accord de libre-échange sur le fromage entre la Suisse et l’Union Européenne puisqu’aujourd’hui, les importations de fromages dépassent les exportations et exercent une importante pression sur les prix.