Communiqué de presse Uniterre
Quelques mois après la signature de l’accord de libre-échange avec la Malaisie, le Conseil fédéral a annoncé la signature d’un tel accord avec les pays du Mercosur. Uniterre s’oppose à la politique libre-échangiste menée par les autorités qui menace la souveraineté alimentaire de la Suisse et des pays concernés.
Ce 16 septembre 2025, le Conseil fédéral a annoncé la signature du traité de libre-échange
avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). Cette annonce intervient après la signature le 23 juin d’un traité de libre-échange avec la Malaisie. Malheureusement, le Conseil fédéral persiste dans cette course vers le bas où la recherche de la compétitivité piétine les droits sociaux, l’écologie et prive les populations de leur souveraineté démocratique pour définir les règles du marché. Rappelons que les normes de production ne sont pas les mêmes en Suisse que dans les pays du Mercosur ou en Malaisie, fragilisant encore davantage une agriculture paysanne suisse déjà sous une pression des prix toujours plus forte.
Hélas, ces deux accords ne sont que la pointe de l’iceberg ! Citons ainsi les accords bilatéraux qui reconduisent et élargissent une politique de libre-échange économique avec l’UE, mais également la reconduction de l’accord avec le Chili ainsi que la Chine, ou encore la signature d’accords de libre-échange avec l’Inde et la Thaïlande pour ne nommer que ceux ayant le plus d’impacts sur notre souveraineté alimentaire. Devant la pression commerciale et politique exercée par les Etats-Unis, il est malheureusement à craindre qu’en plus le Conseil fédéral se mette définitivement à genoux pour sauver les intérêts des banques et des multinationales – la volonté d’importer des poulets chlorés étant un bon indicateur.
L’accord signé le 1 septembre 2025 par le conseiller fédéral Guy Parmelin – vigneron de profession, ne l’oublions pas ! – octroie aux pays du Mercosur un accès étendu et exempt de droits de douane pour leurs produits agricoles. Exemples les plus importants:
– Viande bovine : 3 000 tonnes
– Viande de volaille : 1 000 tonnes
– Viande ovine et porcine : 200 tonnes chacune
– Huiles alimentaires: 3 000 tonnes d’huile de soja et d’arachide, 1 000 tonnes d’huile
d’olive
– Blé destiné à l’alimentation humaine : 1500 tonnes
– Fruits, légumes, miel : entre autres, 2000 tonnes de miel
– Aliments pour animaux : 1000 tonnes de blé, 8000 tonnes de maïs
– Vin rouge : 50 000 hectolitres
Ces concessions s’ajoutent aux contingents existants de l’OMC, ce qui ouvre le marché à des volumes d’importation et une pression sur les prix encore plus importants.
Alors que cet accord profite aux secteurs industriels, financiers, miniers, agro-industriels et agrochimiques, il aggrave la crise climatique en favorisant la déforestation tout en attaquant les droits des peuples indigènes et des producteurs·trices de l’agriculture paysanne. C’est pour cette raison qu’il est combattu par les organisations populaires et paysannes tant en Amérique latine que dans l’UE.
Face à une crise laitière qui dure, une crise viticole aiguë, une pression sur les prix des céréales, des oléagineux et d’autres biens agricoles, Uniterre exige du Conseil fédéral une renégociation des traités, une adaptation des contingents d’importation à l’évolution de la consommation, c’est-à-dire, une diminution drastique des volumes des contingents d’importation ainsi qu’une obligation générale de prise en charge indigène pour l’obtention de droits d’importation.
Par la signature de cet accord, le Conseil fédéral piétine de nombreux traités signés notamment sur le climat, les droits sociaux et économiques, la biodiversité, les droits des paysan·ne·s et des populations rurales ainsi que la Constitution (art.104a) et la Loi sur l’agriculture (art 1 et 2).
Ces politiques sacrifient la production indigène sur l’autel du commerce globalisé, qui, lui, nous précipite vers une crise systémique majeure. C’est pour cette raison qu’Uniterre combattra par toutes les voies possibles, y compris le référendum, ces politiques de libre-échange.
Contact:
Rudi Berli (D/F): Secrétaire politique: 078 707 78 83, r.berli@uniterre.ch